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by seb - 2009-07-16 17:03
L'envie de rédiger un billet sur nos journalistes français remonte à plusieurs années, mais le sujet étant trop vaste et leur incompétence absolument abyssale, je m'étais jusqu'alors abstenu.

C'est devenu comme un jeu, maîtrisant deux sujets principaux, le droit et les technologies de l'information, j'accours dés qu'un article aborde ces domaines pour y constater au mieux l'inculture, au pire l'incompétence totale du (journaliste) rédacteur. Dans tous les cas le sujet est abordé de manière partiale, et sans aucun recul, et c'est pourquoi ces délicates tranches de (droit||IT) savamment tartinées d'erreurs factuelles sont devenues ma petite douceur quotidienne.

Aujourd'hui l'occasion est trop belle, et les gros titre de mes trois quotidiens préférés [1] feignant à l'unisson la surprise que la compagnie aérienne Yemenia soit absente de la nouvelle liste noire de la commission européenne m'ont légèrement fait tiquer (pour être franc j'en ai fait tomber ma clope). Quoi qu'il en soit je me suis dit "c'est le moment, profitons-en".

Yemenia, donc, a eu le malheur de perdre un avion récemment, et par la même occasion les 153 personnes à bord, vous en avez sans doute entendu parlé dans la presse, mais moins qu'un autre crash, survenu un mois plus tôt, un airbus d'air france, le brésil, 240 personnes, je vous passe les détails.

On pourrait comparer les gros titres, le nombre d'articles et la durée des reportages au 20 heure, le nombre de passagers n'excuse pas, à la base, la différence de couverture de l'événement. Mais passons, ce n'est pas le sujet.

Alors comme ça, Yemenia, est une compagnie poubelle ? Clarifions dés le départ, la compagnie n'est pas née de la dernière pluie, 1961, ça remonte à la télé en noir et blanc, et niveau actionnariat, c'est une joint-venture entre le gouvernement du Yémen, et celui de l'Arabie Saoudite (avec 49% des parts). Un point commun avec Air France, donc, elles ont toutes deux une part de leur capital détenu par le secteur public, on pourrait se dire que dans ces conditions elles sont moins obsédées par l'argent et que leur flotte est bien entretenue.

Bon, il faut admettre que Yemenia n'est pas non plus la plus sécurisée des compagnies, elle a certaines lacunes qui lui ont valus des remontrances de la commission européenne, mais il n'en demeure pas moins que si elle est autorisée à desservir l'Europe, elle satisfait logiquement aux règles de sécurité qui y sont en vigueur.

Et donc, finalement, en nombre de morts, ça nous donne quoi ?

Et bien Yemenia, avec un seul accident et 153 morts dans toute son histoire, n'est pas si mal placée que cela. Alors je serai gentil je comparerai avec Air France sur les seules 20 dernières années: 380 morts et une liste d'accidents longue comme un discours de Lénine. Sur toute son histoire, Air France pointe deuxième sur la liste des compagnies les plus meurtrières derrière Aeroflot.

Mais bon, comme son nom l'indique, Air France est une compagnie française, donc civilisée. Yemenia, ça sonne un peu plus Afrique, un peu plus étranger.

Or, étranger = pauvreté. Et pauvreté = mauvais entretien des avions.

Ce n'est pas du racisme mais on y est presque, ça fleure bon le vieux cliché colonialiste, de l'occidental qui se croit au dessus de la mêlée, car il y a quelques décennies de cela, ses armées occupaient la moitié du monde. Deux poids, deux mesures, donc, et ça ne choque personne ?


[1] Nouvel Obs / Libération / Le Monde